L’affaire Notre-Dame de Bétharram continue de poursuivre François Bayrou. Un avocat demande l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » contre l’actuel Premier ministre.
La visite de François Bayrou le week-end dernier auprès des associations de victimes n’a rien changé. Depuis plus d’une semaine, François Bayrou est sous le feu des critiques, accusé d’avoir protégé l’établissement privé catholique. Tout a commencé par l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » demandée par l’avocat Jean-François Blanco ce lundi contre le Premier ministre dans l’affaire de viol survenue en 1998 au sein du collège-lycée de Bétharram. Cette demande fait suite aux révélations survenues dans le magazine Sept à Huit diffusé ce dimanche. L’ancien gendarme chargé de l’enquête évoque l’intervention de François Bayrou auprès du procureur général.
Ces dernières informations s’ajoutent à la mise en garde de vue de trois personnes suspectées de viols aggravés, agressions sexuelles et violences aggravées. Une annonce faite par le parquet de Pau après une enquête ouverte contre l’établissement depuis un an. Il annonce l’ouverture d’une information judiciaire pour viol à l’encontre d’une des trois personnes placées en garde à vue. Pire : l’inspecteur d’académie en charge d’enquêter sur le collège-lycée reconnaît avoir bâclé le rapport à l’époque, après son interview accordée à France 2.
Plus de 130 plaintes recensées
Ce sont au total plus d’une centaine d’anciens élèves qui disent avoir subi des violences physiques et sexuelles. Depuis octobre 2023, le collectif de victimes de Bétharram a recensé 134 plaintes qui visent notamment 14 adultes dont 10 prêtres. Des faits qui remontent des années 50 jusqu’aux années 2010. De leur côté, les députés ont annoncé la création d’une commission sur les modalités du contrôle de l’État et la prévention des violences dans les établissements scolaires.
Une rencontre entre l’ancien juge et François Bayrou
L’ancien juge d’instruction en charge de l’affaire, Christian Mirande, a confirmé avoir discuté de ces faits d’agression avec l’actuel Premier ministre. Une visite due à l’inquiétude du maire de Pau parce que l’un de ses fils était scolarisé dans l’établissement. Mais Christian Mirande l’assure : aucune pression n’a été exercée par l’ancien ministre de l’Éducation. C’est ce qu’a réaffirmé le Premier ministre à l’Assemblée nationale mardi : il n’est jamais intervenu « ni de près, ni de loin » dans cette affaire, selon ses mots. Il ne savait rien des actes subis par les élèves du collège-lycée de Bétharram.
Accusation contre le gouvernement Jospin
François Bayrou se défend, jusqu’à accuser le gouvernement socialiste de l’époque, dirigé par Lionel Jospin. Selon les informations de France Télévisions, trois signalements de violences au sein de l’établissement ont été directement adressés à l’ancienne ministre de la Justice, Élisabeth Guigou entre 1998 et 2000. Ce sont même quatre alertes qui ont été faites, la première auprès du ministre de l’Éducation de l’époque, Claude Allègre.
La version du Premier ministre contredite
Pourtant, des informations révélées par plusieurs médias contredisent les affirmations de François Bayrou. Médiapart, Le Monde, la presse locale… Tous se sont penchés sur cette affaire. Pour eux, aucun doute : le Premier ministre savait. Plusieurs témoignages proches des enfants victimes reconnaissent avoir interpellé à plusieurs reprises le maire de Pau. Sa femme, enseignante à Bétharram de 1995 à 1996, aurait été au courant des actes de violence contre plusieurs élèves de l’établissement.