Agression d’un rabbin à Orléans : un signe de la montée de l’antisémitisme en France

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Publié le 27 mars 2025 à 18h17
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Samedi 22 mars, un rabbin qui rentrait chez lui à Orléans a été violemment pris à partie par un jeune. Un commerçant lui est venu en aide et a mis l’agresseur en fuite. Un acte qui repose encore la question de la montée de l’antisémitisme en France.

Il est 13h30 lorsque Arié Engelberg rejoint son domicile, accompagné par son fils de 9 ans. Il est pris à partie par un jeune homme qui lui demande s’il est juif. C’est après avoir répondu par l’affirmative que le rabbin a été copieusement insulté, tout comme sa religion. L’homme aurait notamment lancé « tous les juifs sont des fils de **** » et même mordu le religieux. L’intervention d’un commerçant a permis de mettre l’assaillant en fuite. « Pour moi, c’était une question de temps avant d’avoir une agression. Je ne savais pas de quelle ampleur elle allait être. Quand je l’ai vu et que j’ai vu son regard, je me suis dit qu’il n’était pas d’ici et qu’il allait vouloir faire quelque chose », raconte Arié Engelberg au micro de BFM TV.

83 % des juifs disent cacher leur identité en France

Cette agression dit beaucoup de la montée de l’antisémitisme en France. D’abord parce que le rabbin affirme qu’il s’attendait à cette agression, mais aussi parce qu’il est directement visé en raison de sa religion. En 2024, le CRIF (le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a recensé 1 570 actes antisémites, alors qu’on en recensait 436 en 2022. Un sondage Ipsos estime que 79 % des Français considèrent que l’antisémitisme est un phénomène répandu. Pire : une enquête européenne révèle que 76 % des juifs interrogés disent « cacher occasionnellement leur identité » en Europe. Ils sont 83 % à le faire en France.

Des partis politiques qualifiés d’antisémites

Si les chiffres des actes antisémites et les sondages démontrent une haine des juifs, certains reprochent aussi aux partis politiques d’accentuer le clivage et l’exclusion de cette partie de la population. Par exemple, le Rassemblement national pâti encore d’une image antisémite pour 58 % des sondés, selon un sondage IFOP (51 % estiment que le parti contribue à l’antisémitisme). Jordan Bardella a pourtant tenté de prouver le contraire lors de son déplacement à Jérusalem ce jeudi. « La haine des Juifs et de l’État d’Israël est un fléau mondial que nous devons combattre sans relâche », a déclaré le président du RN.

Mais La France Insoumise est aussi sous le feu des critiques, car près d’une personne sur deux (47 %) estime que certaines déclarations de Jean-Luc Mélenchon sont antisémites et attisent l’antisémitisme au sein de la population. En juin, il avait notamment écrit sur son blog que l’antisémitisme restait « résiduel » en France. Le leader de la France Insoumise prend régulièrement position contre Israël depuis le déclenchement du conflit Israël/Hamas en 2023. Un parallèle que regrette le CRIF 06. « Les gens qui sont anti-Israël et anti-sionistes sont parfois antisémites. Il faut expliquer que ça n’a absolument rien à voir : Israël se défend et donc je ne vois vraiment pas pourquoi les gens ignorent ce qu’il se passe et prennent les juifs pour cible », regrette Alain Balabanian, vice-président du CRIF 06.

L’agresseur arrêté par la police

Quelques instants après l’agression, l’assaillant a été interpellé par la police puis placé en garde-à-vue pour être interrogé. Il a déclaré être âgé de 16 ans, de nationalité marocaine. Il n’a pas reconnu les faits devant les enquêteurs. Il sera jugé en avril par le tribunal pour enfants. En attendant, il a été placé en détention provisoire.