Le verdict condamnant Marine Le Pen a une peine d’inéligibilité a fait réagir une grande partie de la classe politique française, mais aussi les grandes figures politiques internationales. Quid des accords et désaccord avec la décision rendue par les juges.
Les membres du Rassemblement national ont été les premiers à réagir. Le parti rejette en bloc la décision de justice qu’ils estiment politique. « Je considère que cette décision est disproportionnée, qu’elle ne s’inscrit pas dans la philosophie de la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Il s’agit d’une négation pure et simple de l’État de droit. Nous sommes totalement innocents des faits qui nous sont reprochés dans cette affaire et, en dépit de cela, on prive des millions et des millions de Français de leur candidate naturelle et légitime à l’élection présidentielle », s’est indigné Jordan Bardella sur CNews mardi.
L’inéligibilité, un choix du peuple ?
Même réaction de la part des camps de droite qui, s’ils ne soutiennent pas tous bec et ongle la présidente du groupe RN à l’Assemblée, estiment toutefois que l’inéligibilité devrait être décidée par le peuple. « C’est une peine lourde. Et moi, ce que je considère, c’est que les débats démocratiques doivent être tranchés dans les urnes. C’est aux Français de décider. Et je ne trouve pas sain que, dans une démocratie, quelqu’un soit empêché de se présenter à une élection », considère par exemple le LR Laurent Wauquier. À gauche aussi, l’idée de trancher cela dans les urnes est reprise. “La décision de destituer un élu devrait revenir au peuple”, écrit Jean-Luc Mélenchon sur X. Il vante ainsi son idée de référendum révocatoire dans une potentielle 6ᵉ République.
Un débat autour de l’exécution provisoire de la peine
“Nous prenons acte de cette décision de Justice, même si nous refusons par principe que le recours soit impossible pour un justiciable quel qu’il soit”, écrit Manuel Bompard, le coordinateur national de la France Insoumise. En somme, condamnation, oui, mais l’élu est plus mitigé sur la notion d’exécution provisoire de la peine.
Pour le PS, personne n’est au-dessus des lois
De son côté, le PS soutient la décision de justice. “Nul n’est au-dessus des lois. Marine Le Pen demeure députée. Et le RN sera bien présent en 2027”, rassure le premier secrétaire du PS Olivier Faure. « Ces femmes et ces hommes ne sont pas les agents d’un système mais les juges impartiaux dont notre République a besoin. Mettre en cause la loi, quand il s’agit de l’appliquer aux puissants, c’est accréditer l’idée qu’il y aurait une justice à deux vitesses. Non, le peuple français n’est pas privé de la souveraineté par des juges qui rendent la justice en son nom », réagit aussi le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud.
Le gouvernement partagé sur la décision
François Bayrou s’est dit “troublé par l’énoncé du jugement”, ce qui lui a valu plusieurs critiques. Il a rapidement précisé ses propos en expliquant qu’il soutenait inconditionnellement les magistrats qui avaient prononcé la peine. Toutefois, il laisse la porte ouverte à une réflexion sur l’exécution provisoire. Celle qui empêche Marine Le Pen de se représenter tant que le verdict du procès en appel n’est pas tombé. Gérald Darmanin souhaite de son côté que le procès de Marine Le Pen en appel se tienne dans le délai “le plus raisonnable possible”. Entre temps, la Cour d’appel de Paris a annoncé que l’audience en appel aurait lieu en 2026 pour une décision d’ici à l’été, soit 9 mois avant l’élection présidentielle.
Des voix de droite internationales soutiennent Le Pen
Le premier ministre hongrois Viktor Orban a fait simple : une phrase postée sur son compte X, “Je suis Marine”. Soutien aussi du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui parle de “violation des normes démocratiques”. Cette condamnation est un “abus du système judiciaire” pour Elon Musk et “incroyablement sévère” pour Geert Wilders, membre de la coalition gouvernementale des Pays-Bas.
C’est une décision de justice, rendue par des magistrats indépendants. Elle prend pourtant, dans ce cas, une dimension hautement politique.