Les femmes peuvent-elles porter un voile dans les compétitions sportives ? C’est la question qui anime les débats depuis plusieurs semaines. La classe politique se fracture entre l’extrême-droite, la droite et la gauche, même au sein du gouvernement. Jusqu’à l’intervention de plusieurs sportifs.
Teddy Riner face à Bruno Retailleau. Leur terrain de jeu n’est pas le tatami, mais la laïcité. Le judoka français a pris position sur le port du voile dans les compétitions sportives. « Je crois qu’en France, nous perdons notre temps sur des choses, et surtout, nous nous servons de certaines choses pour mettre la lumière là où il ne faut pas. Pensons davantage à l’égalité, plutôt que s’acharner sur une seule et même religion« , a souligné le champion olympique au micro de RMC sport dans l’émission Bartoli Time.
En réponse, Bruno Retailleau a réaffirmé l’importance d’interdire le voile dans les compétitions sportives. « Le voile n’est pas le symbole de la liberté, c’est le symbole, le signe de la soumission. Il n’est pas non plus le marqueur de l’égalité. Au contraire, il est là encore le signe de l’infériorisation du statut de la femme », s’est indigné le ministre de l’Intérieur au micro de CNews.
Une proposition de loi votée au Sénat qui divise
Tout commence le 18 février dernier. Le sénateur LR, Michel Savin, propose l’interdiction du port de signes religieux dans l’ensemble des compétitions sportives, y compris au niveau amateur. Le texte est voté à 210 voix contre 81, avec le soutien du gouvernement. Une position que ne partage pas tout le monde. Elisabeth Borne, la ministre de l’Éducation, estime qu’il faut laisser les fédérations choisir.
De son côté, la ministre du Sport, Marie Barsacq, rappelle que le port du voile n’est pas de l’entrisme. Intolérable pour Bruno Retailleau, Aurore Bergé et Gérald Darmanin qui a même mis sa démission en jeu si le gouvernement cédait sur ces questions. François Bayrou n’a pas cédé et leur a donné raison après avoir recadré ses ministres.
Des différences entre fédérations
Pour l’heure et dans l’attente de l’adoption de la proposition de loi, ce sont les fédérations qui imposent ou non le port de signes religieux. C’est bien le problème souligné par les sénateurs qui défendent ce texte et par certaines fédérations. Selon eux, il faut une harmonisation. Aujourd’hui, les fédérations de football, de rugby, de volley et de basket interdisent le port de signe religieux. Ils s’appuient sur la décision rendue par le Conseil d’État autorisant les fédérations à imposer à ses joueurs une obligation de neutralité. Tout le contraire des fédérations de handball ou d’athlétisme qui autorisent le port du voile.
Un communautarisme dans le sport ?
Certains affirment que le sport est touché par le communautarisme. Une version contredite selon un rapport mené par l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur. Pour lui, il n’existe aucun phénomène structurel ni même significatif de radicalisation ou de communautarisme dans le sport. Avant d’ajouter : les associations sportives sont très faiblement touchées, et moins que d’autres types de structures, par le communautarisme.