Sommet sur l’IA à Paris : pourquoi l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle inquiète

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Publié le 16 février 2025 à 1h05
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Le sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle s’est tenu lundi et mardi à Paris. De nombreux chefs d’États, d’entreprises et de chercheurs sont venus du monde entier pour échanger autour de l’IA et ses enjeux.

Assistants vocaux, reconnaissance faciale, robots conversationnels, l’intelligence artificielle est partout. À la question comment ChatGPT se définirait, voici ce qu’il répond. « Je me définirais comme un compagnon de conversation curieux et polyvalent. Toujours prêt à informer, aider et échanger sur une grande variété de sujets ». Du lundi 10 au mardi 11 février, chefs d’État, d’entreprise, scientifiques et membres de la société civile se sont réunis pour le sommet sur l’intelligence artificielle. Ils ont pris place au Grand Palais à Paris pour deux jours de conférences, de tables rondes et de rencontres.

Une concurrence internationale

Si ChatGPT est le robot conversationnel le plus connu, il n’est pas le seul. Lancée en 2022, la plateforme américaine est désormais concurrencée par le chinois DeepSeek, le russe GigaChat ou encore le français Le Chat. Ils sont très proches dans leur fonctionnement. Il suffit de leur écrire une requête pour qu’ils répondent en quelques secondes. 

Là où certains se démarquent plus que d’autres, c’est dans les réponses apportées en fonction de la base de données sur laquelle ils s’appuient. En clair, l’agent conversationnel russe évite les questions liées à l’homosexualité ou l’avortement. Le chinois botte en touche sur les massacres de la place Tian’anmen.

110 milliards d’investissements en France

Le sommet sur l’IA a permis à la France de débloquer près de 110 milliards d’investissements privés. Des financements pour la construction de data centers (serveurs de stockage) un peu partout sur le territoire. Le Premier ministre, François Bayrou, identifie 35 sites industriels prêts à être transformés pour le stockage de données. Sur l’ensemble de ses investissements, près de la moitié proviennent des Émirats arabes unis. Mais c’est bien en deçà du projet Stargate annoncé par Donald Trump à 481 milliards d’euros

Les deux jours à Paris ont aussi débouché sur un acte symbolique : une déclaration pour une intelligence artificielle ouverte, inclusive et éthique. Ce texte a été défendu et signé par plusieurs pays dont la France. Toutefois, c’est une victoire en demi-teinte puisque les États-Unis, le Royaume-Uni ou l’État d’Israël ont refusé de signer le document.

Des utilisateurs prudents

L’utilisation de l’intelligence artificielle et surtout de ChatGPT pose de nombreuses questions. Si plus de 300 millions utilisent la plateforme américaine chaque semaine, certains s’en éloignent. « Dans ma classe, il y en a beaucoup qui font avec ça, et ils disent que ce n’est pas super fiable. Donc je préfère faire par moi-même. En plus au moins, je sais que je suis 100% honnête sur mon travail », se justifie Logan, en classe préparatoire physique et sciences de l’ingénieur.

À l’école, son utilisation fait aussi débat. Les professeurs ne partagent pas tous le même point de vue. « Ils sont assez mitigés d’ailleurs cette année. C’est étonnant parce que nous avons beaucoup de chapitres en rapport avec l’IA. Mais tout dépend des professeurs. Il y en a qui trouvent que c’est vraiment mauvais parce que ça va nous rendre débiles et fainéants, plus dépendants, et d’autres pensent que c’est mieux parce que c’est le progrès, et le but même de l’humain, c’est de progresser », reconnaît Ornella, en terminal au lycée Albert Calmette à Nice.

Les entreprises se posent aussi la question de l’usage de l’IA, notamment sur l’utilisation et la gestion des données« J’ai quand même plusieurs projets où on aimerait bien la mettre en place, notamment pour nous aider sur la documentation, ou encore la spécification. Mais plutôt en local. Pas utiliser un ChatGPT générique, plutôt une IA spécialisée. Parce que pour nous, il y a quand même un sujet de cybersécurité aussi. Quand ça va s’intensifier, la question qui va se poser, c’est comment est-ce qu’on reste maître de nos données », admet Vincent, employé dans une entreprise informatique.

Mais la pratique de l’intelligence artificielle risque de se généraliser dans quelques années, ce qui pousse certains à envisager de l’utiliser. « C’est sûr que dans les années à venir, vu les métiers qui vont se développer avec, il serait possible que je l’utilise très fortement. Soit possiblement pour corriger les exercices d’informatique ou peut-être pour me renseigner sur certains points », explique Adam, en BUT réseaux communication en lien avec la cybersécurité.

L’Union européenne régule

De son côté, l’Union européenne cherche plutôt à réguler. Depuis août 2024, l’IA Act est entrée en vigueur. Ce premier règlement européen régulant l’intelligence artificielle vise notamment à protéger les droits fondamentaux des êtres humains. Ce qu’il y a de sûr, c’est que personne n’arrêtera le progrès. C’est pour cette raison que les pays tentent plus ou moins facilement de prendre le train en marche.

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