Visite d’État de Xi Jinping : les discours à l’épreuve des faits

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Publié le 8 mai 2024 à 8h54
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La visite d’État de Xi Jinping se termine après deux jours en France. Emmanuel Macron et le président chinois ont discuté de tous les sujets avec, en premier lieu, la question de l’Ukraine. Entre avancées symboliques et désaccords profonds, les annonces peuvent rapidement faire pschitt.

« La relation entre la Chine et la France peut jouer un rôle pour la stabilité du monde ». Les mots d’Emmanuel Macron à l’intention de Xi Jinping révèlent l’importance de cette visite d’État pour les prochaines années. Après deux jours d’intenses discussions bilatérales et trilatérales, entre les deux pays et l’Union européenne, le bilan est mitigé.

Le président de la République, avec le soutien d’Ursula von der Leyen, a obtenu des avancées symboliques sans pour autant lever les divergences. Emmanuel Macron s’est heurté à l’intransigeance de son homologue chinois sur les questions économiques.

Pas de vente d’arme à la Russie

L’un des enjeux de cette visite d’État reste la guerre en Ukraine. Sur ce sujet, la France et l’Union européenne ont trouvé plusieurs terrains d’entente. Les deux pays ont réitéré la « volonté de préserver la charte des Nations Unies », c’est-à-dire le respect territorial des États.

Emmanuel Macron a surtout obtenu la garantie que la Chine s’abstienne de vendre des armes et de fournir une aide à la Russie. Xi Jinping s’est engagé à contrôler les exportations des biens à double emploi, civil et militaire. Mais ses annonces sonnent creux, à l’heure où la deuxième puissance mondiale noue des relations notamment énergétiques avec la Russie.

L’utopie d’une « trêve olympique »

Autre volonté commune : la mise en place d’une « trêve olympique ». La Chine et la France se sont entendues pour un cessez-le-feu des conflits pendant les JO à Paris. Cette tradition, inventée par le Comité international olympique, semble illusoire.

Pour la première fois de l’histoire, la résolution de la trêve n’a pas trouvé le consensus de l’ensemble des pays des Nations Unis, sous la pression de la Russie. Vladimir Poutine a déjà tordu le cou à ce principe. En 2008, il a riposté à l’offensive lancée par la Géorgie dans les régions séparatistes prorusses pendant les Jeux olympiques de Pékin.

Un rééquilibrage économique difficile

Les problématiques économiques ont ravivé les tensions entre la France et la Chine. Emmanuel Macron exige « un cadre de concurrence loyale » avec un accès au marché chinois et des partenariats « équilibrés ». La signature de 18 accords intergouvernementaux va dans le sens du président de la République. Avec un déficit de 46 milliards d’euros en 2023, la France compte sur ces nouvelles ententes pour rééquilibrer la balance commerciale.

Xi Jinping ne l’entend pas complètement de cette oreille. « Le soi-disant problème de la surcapacité de la Chine n’existe pas », a rétorqué le président chinois. Même s’il souhaite « rééquilibrer par le haut les échanges entre les deux pays », il n’est pas prêt à changer de stratégies en matière économique. Pourtant, l’Empire du milieu a besoin du marché français et européen pour maintenir sa croissance et son développement.