Les augmentations des droits de douane décrétées par Donald Trump suscitent de nombreuses tensions. Elles sont entrées en vigueur mercredi avant finalement d’être suspendues. Des hausses qui ne rassurent ni les marchés, ni les entreprises et encore moins les politiques.
104 % pour la Chine. 24 % pour le Japon. Et surtout 20 % pour l’Union européenne, et donc la France. Des droits de douane qui plongent les bourses mondiales dans le rouge. Paris a cédé 3,34 %, Francfort 3 % et Londres 2,92 % à la fermeture des marchés mercredi soir. En cause, la riposte du gouvernement chinois à la hausse des taxes américaines. « Cette escalade n’est dans l’intérêt de personne. La guerre commerciale, les droits de douane, le protectionnisme ne sont pas dans l’intérêt des États-Unis, ni dans l’intérêt de son économie, ou des entreprises américaines », a jugé Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe au micro de Télématin cette semaine.
Cette escalade n’est dans l’intérêt de personne
Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe
La riposte de l’Union européenne en trois temps
Face aux droits de douane imposés par les États-Unis, l’Union européenne a annoncé sa riposte mercredi. Une réplique ferme et proportionnée, réponse de la Commission européenne. Une série de droits de douane supplémentaires de 25% sera appliquée dès le 15 avril. Les produits concernés : riz, maïs, légumes surgelés, jus de fruits ou certains produits cosmétiques. C’est le premier volet de sa riposte contre les importations américaines.
Le second interviendra le 16 mai prochain. Cette fois, ce seront la volaille, les motos, les réfrigérateurs, le tabac ou l’acier qui seront concernés. Enfin, les amandes et le soja se verront appliquer 25 % de taxe au 1er décembre 2025. Malgré la réponse européenne, tout le monde espère revenir à la raison. « Mais le but derrière, c’est que ce paquet ne s’applique pas. Le monde entier voit que la première puissance mondiale veut couper les ponts avec le reste du monde. Je connais un peu les États-Unis, et je ne crois pas que cette politique soit tenable longtemps pour Donald Trump », a reconnu Amélie de Montchalin, la ministre chargée des comptes publics, sur le plateau de C à vous.
Jusqu’à l’activation de l’instrument anti-coercition pour l’UE ?
Si Donald Trump continue dans sa politique, l’UE prévoit encore d’autres mesures. Parmi elles, l’instrument anti-coercition, jamais utilisé jusqu’à présent. En cas d’activation, ce serait notamment le gel de l’accès à certains marchés publics européens ou le blocage de certains investissements. Une mesure qui ne fait pas du tout l’unanimité chez les 27 pays de l’UE.
La stratégie de Donald Trump : baisser les taux d’intérêt
La méthode peut paraître brutale, mais il y a tout de même un objectif derrière la hausse des droits de douane. Donald Trump cherche à baisser les taux d’intérêt pour alléger le poids de la dette américaine. Elle atteint près 33 000 milliards d’euros, une première depuis la crise des Subprimes en 2008. En comparaison, la dette de la France s’établit à près de 170 milliards d’euros. Après les annonces du président des États-Unis, le taux des obligations américaines est descendu à 3,9 % avant de remonter. Mais le risque d’inflation pourrait remettre en cause les effets bénéfiques sur les taux d’intérêt.
La volte-face spectaculaire de l’administration Trump
Après une semaine de panique, Donald Trump a fait machine arrière mercredi soir. Le président des États-Unis a suspendu les surtaxes douanières pendant 90 jours pour tous les pays, sauf la Chine qui se voit imposer 125% de taxe supplémentaire. Malgré avoir affirmé quelques jours plus tôt qu’il ne cédera pas, il a finalement fait une volte-face assez spectaculaire. Donald Trump a reconnu que ses droits de douane effrayaient un peu. En réponse, l’UE a aussi suspendu pour autant de jours ses surtaxes sur les importations américaines.
Il est surtout accusé par les démocrates d’avoir manipulé les marchés. Certains sénateurs exigent l’ouverture d’une enquête pour déterminer si le président américain a commis une infraction après avoir incité l’achat d’actions avant d’annoncer la suspension des surtaxes.