Géorgie : les tensions s’intensifient après l’élection de Mikheïl Kavelashvili

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Publié le 19 décembre 2024 à 21h47
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Depuis les élections législatives du 26 octobre et l’élection présidentielle du 14 décembre, la Géorgie est plongée dans une crise politique sans précédent. À Tbilissi, comme dans d’autres villes, des manifestations antigouvernementales secouent le pays. Mais quelles sont les causes de ces tensions croissantes ?

La Géorgie se trouve depuis plusieurs semaines dans un tournant historique, où tensions politiques et aspirations démocratiques s’entrechoquent violemment. Au cœur de cette crise, une fracture profonde divise la société géorgienne entre des ambitions proeuropéennes et une orientation perçue comme favorable à Moscou. Mais au-delà des figures et des décisions controversées, c’est l’avenir même de la démocratie et de l’identité géorgienne qui semble en jeu.

Mikheïl Kavelashvili, un président controversé

Ancien footballeur et candidat unique à la présidence, Mikheïl Kavelashvili a été élu avec 224 voix (attribuées par les grands électeurs). Son projet radical et inédit vise à bannir les partis politiques et ONG prooccidentaux. Cette initiative a fracturé la société géorgienne en deux camps opposés : ceux qui soutiennent une orientation européenne et démocratique, et ceux qui approuvent un rapprochement avec Moscou.

Le nouveau président est accusé d’être manipulé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, fondateur du parti au pouvoir, Rêve géorgien. Connu pour sa fortune bâtie en Russie, Ivanichvili est suspecté de tirer les ficelles du gouvernement depuis 2012. L’approche prorusse de Kavelashvili, illustrée par des projets de lois limitant l’influence étrangère et restreignant les droits des personnes LGBT, a été interprétée comme une rupture avec les aspirations européennes du pays.

Une opposition déterminée face à la dérive autoritaire

Face à cette situation, l’opposition prooccidentale a refusé de reconnaître la victoire du Rêve géorgien. Elle accuse le gouvernement d’avoir l’intention de maintenir les négociations d’adhésion à l’Union européenne jusqu’en 2028, marquant un tournant opposé aux aspirations européennes de la population.

Salomé Zourabichvili, actuelle présidente en fonction, a refusé de céder son mandat. Elle exige, avec le soutien des manifestants, l’organisation de nouvelles élections. Le 18 décembre, elle a pris la parole devant le Parlement européen, appelant l’Europe et l’Occident à soutenir les forces démocratiques géorgiennes face à ce qu’elle qualifie de menace russe croissante.

Un avenir incertain

La crise actuelle reflète une fracture profonde au sein de la société géorgienne, tiraillée entre les ambitions européennes et les pressions russes. Le bras de fer entre le gouvernement et l’opposition risque de s’intensifier, tandis que la communauté internationale est de plus en plus sollicitée pour intervenir dans cette situation explosive.