À Nice, 700 femmes et hommes réunis pour une manifestation contre les violences faites aux femmes

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Publié le 24 novembre 2024 à 11h03
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Le collectif Droits des femmes appelait ce samedi à une manifestation contre les violences faites aux femmes. À deux jours de la journée internationale de lutte contre ce fléau, l’avenue Jean-Médecin à Nice a été arpentée cet après-midi par environ 700 manifestants.

De nombreuses femmes, sous un soleil éclatant. Mais aussi beaucoup d’hommes. Tous étaient réunis ce samedi à 14h place de la Libération à Nice pour le départ de leur manifestation contre les violences faites aux femmes. Au total, 500 manifestants selon la police et 1 000 selon les organisateurs étaient présents pour faire entendre leur voix au son de « Solidarité avec les femmes du monde entier », « Victime, on te croit, violeurs on vous voit ! » ou « Même si les mascu’ ne veulent pas nous on est là ».

« Il m’a prise à partie dans l’ascenseur et m’a coincée pour me gifler »

Claude*, 76 ans, a été victime de violences l’année dernière. « J’avais échangé avec un homme de mon immeuble pour qu’il me rende un service. Il est venu chez moi et m’a soufflé à l’oreille ‘On aurait dû prendre des préservatifs‘. Je l’ai regardé d’un air étonné en déclinant ses avances et ça s’était arrêté là. Mais deux ans après, il m’a prise à partie dans l’ascenseur de l’immeuble et m’a coincée pour me gifler. Depuis, j’ai des troubles de mémoire, je ne dors plus la nuit et j’ai toujours peur ». Pour elle, c’était donc important de se mobiliser ce samedi, à la fois pour s’opposer à ce genre de comportements, mais aussi pour mettre en cause le traitement judiciaire de ces affaires. « J’ai porté plainte, mais je n’ai jamais eu de suites », regrette Claude.

Il y a seulement 1 % des plaintes pour viol qui aboutissent à une condamnation.

Clémence Rouland, membre du Collectif Droits des femmes 06

« Un manque de moyens dans le parcours contre les violences »

Le son de cloche est similaire du côté des organisateurs de la manifestation, le Collectif Droits des femmes 06 : trop de violences, mais aussi une mauvaise prise en charge. « Il y a seulement 1 % des plaintes pour viol qui aboutissent à une condamnation. Dans tout le parcours contre les violences faites aux femmes, il y a un manque de moyens criant : il faut multiplier les lieux d’accueil pour les femmes victimes de violences, par exemple », estime Clémence Rouland, membre du Collectif Droits des femmes 06, qui réclame 2,6 milliards d’euros de budget pour mettre en œuvre les mesures nécessaires. Cette marche, c’était ainsi l’occasion d’appeler les pouvoirs publics à faire davantage.

De nombreux hommes présents

En tête du cortège, essentiellement des femmes. Mais de nombreux hommes étaient mobilisés pour la cause, avec des panneaux, revendiquant parfois être féministes. Car ce n’est pas qu’une affaire de femmes. Julien est venu de Menton pour suivre le mouvement ce samedi. Il est fier de cette présence masculine. « J’ai l’impression qu’il y a plus d’hommes que ce qu’on voit d’habitude. C’est bien, parce que le féminisme ne peut pas se faire qu’avec les femmes. Il faut mobiliser les hommes ! », revendique-t-il.

Un melting-pot de revendications

Cette année 2024 particulièrement donne toute sa place à l’évènement. Entre les révélations d’agressions sexuelles de l’abbé Pierre et le procès des viols de Mazan / Gisèle Pélicot encore en cours, l’actualité a donné du grain à moudre aux manifestants. Avec parfois des sujets de revendications plus globaux. Hélène Granouillac, élue écologiste d’opposition à la ville de Nice et à la Métropole Nice Côte d’Azur s’est indignée de ne pas voir de messages pour les victimes du 7 octobre. « Je suis outrée de ne voir presque aucun message pour les victimes israéliennes. Celles qui ont été violées dans ce conflit. Je vois des keffiehs, des drapeaux palestiniens et des propos inadmissibles », regrette-elle.

La manifestation se tenait le même jour que la manifestation hebdomadaire pour la Palestine. Certains manifestants avaient donc intégré le cortège de féministes pour faire d’une pierre, deux coups, arborant des autocollants « Free Palestine » et des drapeaux. Au risque parfois de mélanger les revendications. « Ici, on manifeste contre les violences sexistes et sexuelles. Il y a par ailleurs des manifestations pour une paix juste et durable entre Israël et la Palestine mais ce sont deux luttes bien différentes », a tenu à clarifier Julia Pallano, militante du collectif Droits des femmes 06.

* La victime voulant garder l’anonymat, le prénom a été modifié.

Le podcast de L’Info de la semaine dans La Matinale du 28/11/2024 :