À l’occasion des conférences « Ville, nouveaux horizons » organisées à l’IMREDD à Nice, des experts et des spécialistes ont ouvert des pistes pour penser la ville dans les prochaines années. La transformation des communes ne se fait pas uniquement en répondant à des questions écologiques.
« S’adapter ou mourir ». Le décor est posé. Face au dérèglement climatique, la ville de Nice se prépare à un défi de taille. Être capable de transformer ces rues et ces quartiers, et surtout repenser et innover l’espace public. C’est tout l’enjeu de « Ville, nouveaux horizons » organisé hier à l’IMREDD, l’Institut méditerranéen du risque de l’environnement et du développement durable. Une journée pour répondre à une question : quelle ville pour demain ? « Il faut réunir écologie, liberté et rayonnement culturel », expose Jean Haëtjens. Pour l’économiste et l’urbaniste, consultant en prospective et en stratégies, ces trois points sont le tiercé gagnant des prochaines années. « Ils répondent à des attentes sociales. Tous les acteurs doivent trouver des compromis. Même s’il faut faire des arbitrages, la négociation doit toujours avoir lieu », ajoute-t-il.
Il faut réunir écologie, liberté et rayonnement culturel
Jean Haëtjens, économiste et urbaniste
Mais le chercheur ne cache pas les difficultés qui peuvent se mettre au travers du changement. Les normes environnementales risquent parfois de limiter les libertés, et inversement. Un sentiment alors d’une partie de la population d’être assignée à résidence grossit de plus en plus. Et surtout, les villes méditerranéennes ont pris du retard.
Une ville inclusive
Pourtant, Nice commence à rattraper les années perdues. Depuis une décennie, Christian Estrosi lance de nombreux projets pour s’adapter au réchauffement climatique. Coulée verte, pistes cyclables et bus électriques, tout est bon pour transformer la ville. Si les changements sont salués, ils restent trop souvent construits indépendamment d’autres considérations. « C’est bien des espaces comme la coulée verte. Mais chaque lieu doit être pensé dans l’idée d’inclure et du bien-être », confie Eliesh Sahyoun, architecte, expert en transition écologique urbaine et futurologue à l’IMREDD. Planter des arbres n’est alors pas la seule solution. « C’est le logement, l’eau et le spatial. Tout est corrélé. Si on sépare les personnes en fonction de leur revenu ou de leur origine, on ne crée pas de diversité », estime-t-il.
L’espace public menacé par la technologie
Ces questions sont tout de même de plus en plus intégrées dans les nouveaux projets. « Le risque reste de laisser la technologie devenir trop forte pour nos villes. Elle peut clairement menacer l’espace public », alerte Jacques Ferrier. L’architecte et l’urbaniste pointe un manque de mixité et de diversité. « Il faut reprendre le contrôle. La technique doit être au service d’une vision », ajoute-t-il. Justement, un récit qui doit venir des politiques. « À plus d’un an des élections municipales, les candidats doivent vraiment porter un message pour répondre à l’écoanxiété qui monte de plus en plus », souhaite Jean Haëtjens. Si la ville de demain demande une implication de tous les acteurs, les solutions commencent à faire leurs chemins pour s’adapter au changement climatique.