L’éducation sexuelle chez les jeunes passe essentiellement par la pornographie. Cette pratique est loin d’être anodine car les conséquences peuvent être néfastes, notamment pour les garçons, avec des normes véhiculées loin de la réalité.
Les jeunes se tournent de plus en plus vers la pornographie. Cette manière de s’éduquer à la sexualité touche principalement les garçons. Selon une enquête de l’Arcom menée en 2023, plus de la moitié des moins de 12 ans et 65 % des jeunes hommes de 16 à 17 ans se rendent sur des sites pornographiques chaque mois. Malgré une interdiction pour les mineurs, les moins de 18 ans restent en moyenne 49 minutes par mois sur ces plateformes.
« Pas de filtre explicatif »
Cette pratique s’accompagne souvent d’un manque de vécu pour les jeunes. « Le problème avec la pornographie est qu’il n’existe pas de filtre explicatif », admet Émilie Saugrain, praticienne en sexologie et conseillère en santé sexuelle.
Le nombre de cas liés à l’utilisation des sites pornographiques augmente. « J’ai des adolescents qui viennent au cabinet en tant qu’éjaculateurs prématurés. Je leur demande si le diagnostic a été posé par un médecin généraliste. Ils me disent non. Quand je creuse, j’apprends qu’ils se sont surtout éduqués avec la pornographie », ajoute-t-elle. En réalité, ces jeunes ne sont pas forcément atteints par ce phénomène, mais pensent l’être à cause de la pornographie.
Un manque de confiance en soi
La pornographie affecte la santé mentale, et parfois physique des jeunes. « lls peuvent avoir quelques troubles, mais surtout, ils ont un manque de confiance en eux », reconnaît Émilie Saugrain. Ces conséquences touchent essentiellement les garçons. Selon une étude en 2023, environ 31 % des jeunes hommes stressent à l’idée de ne pas réussir à être à la hauteur de ce qui se fait sur les sites pornographiques.
Un échec de l’école
La proportion des jeunes à s’éduquer avec des films pour adultes révèle en partie un échec pour l’école. Depuis 2001, les établissements ont l’obligation de donner trois cours d’éducation affective relationnelle et sexuelle tous les ans.
Ce dispositif est loin d’être respecté. Selon la fondation des Apprentis d’Auteuil, les élèves ne bénéficient environ que de 3,2 séances sur l’ensemble de leur scolarité, contre 36 prévues par la loi. En 2021, un rapport de l’inspection générale de l’Éducation a reconnu une disposition « à l’évidence pas réalisée ».