La ville de Nice lance ce lundi PacteSur2 en présence de plusieurs polices européennes. Pendant deux jours, la police municipale niçoise s’apprête à partager des pratiques pour améliorer les dispositifs de sécurité dans plusieurs villes comme Madrid, Lisbonne ou Turin.
Les polices madrilène, italienne, belge, portugaise, polonaise et française réunies dans un même lieu. C’est le lancement de PacteSur2 ce lundi au Centre universitaire méditerranéen à Nice. « Il est important, forts de notre expérience, que nous puissions faire connaître aussi aux instances européennes, combien nous avons besoin d’être coordonnés entre nous, d’être soutenus comme nous le sommes pour sécuriser nos espaces publics », présente Christian Estrosi. Le maire de Nice ouvre le deuxième atelier de travail sur le continuum de sécurité.
Il est primordial de faire rencontrer les policiers locaux et municipaux des villes pour discuter des bonnes pratiques opérationnelles
Jean-François Ona, coordinateur du dispositif PacteSur
À l’occasion de cette réunion, ce sont 25 représentants des forces de l’ordre de 14 pays différents qui sont présents. Tous s’installent autour de la table pour poursuivre les échanges lancés en juin dernier en Belgique, notamment sur les questions de la relation entre les agents de sécurité publics et privés. « C’est un projet européen qui concerne plusieurs villes. Petit à petit, nous nous sommes aperçus qu’il est primordial de faire rencontrer les policiers locaux et municipaux des villes pour discuter des bonnes pratiques opérationnelles », reconnaît Jean-François Ona, coordinateur du dispositif PacteSur.
Un projet lancé en 2017
C’est à l’initiative de la ville de Nice que le projet PacteSur est lancé en 2017 avec le soutien de la Commission européenne. La Déclaration de Nice est signée par 60 maires de 18 pays différents. Elle vise à rassembler les forces de police locales pour améliorer les conditions de sécurité des villes, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Depuis près de huit ans, les partenaires sont nombreux autour de la ville de Nice avec Turin, Madrid et Liège, le Forum européen pour la sécurité urbaine (EFUS) et l’Association Nationale des communes du Piémont (ANCI-Piemonte). Le projet est doté de deux millions d’euros, financé jusqu’à septembre prochain à 90% par la Commission européenne. Le PacteSur organise des ateliers pour échanger sur les pratiques de la police niçoise et étrangère.
Des pratiques partagées entre les pays
À l’ordre du jour de cet atelier, l’intelligence artificielle. Depuis les Jeux Olympiques l’été dernier, la police associe pleinement l’IA dans son travail, notamment à Nice, une des premières villes à l’intégrer à son dispositif de sécurité. « Grâce à nos boutons d’alerte et à nos caméras intelligentes, nous pouvons désormais identifier en quelques minutes l’auteur d’un acte délinquant et criminel sur la voie et les lieux publics. Ça fait partie de ces exemples extrêmement marquants sur lesquels nous pouvons faire partager des choses », explique Christian Estrosi. Ce sont aussi tous les dispositifs de sécurisation des écoles et des commerces que la ville de Nice est prête à partager.
Si la métropole transmet ces pratiques à ses partenaires, elle reçoit aussi de nombreux conseils des autres pays. « Par exemple, le directeur de la police de Madrid a multiplié l’usage des drones en ville pour lutter contre l’insécurité avec une efficacité redoutable. Nous avons alors commencé à travailler ensemble sur cette thématique », admet le maire de Nice.
L’Union européenne finance le projet
Au-delà du partage des pratiques, ce sont aussi le financement de l’Union européenne que dispose les villes engagées dans le projet PacteSur. Lorsque Nice s’est lancé dans le chantier de la sécurisation de la promenade des Anglais à la suite de l’attentat en 2016, la métropole a obtenu près de 30% d’investissements de la part de la Commission européenne. « Nous avons vu l’utilité de voir l’Europe à nos côtés, très engagée. Nous avons obtenu cette reconduction de PacteSur2 qui nous permet aujourd’hui d’envisager d’aller à un niveau beaucoup plus élevé de ce que nous avons fait jusqu’à présent », se réjouit Christian Estrosi.
Une coopération déjà en place
La coopération dure déjà depuis plusieurs années entre les différents pays. « La coopération avec la ville de Nice est totale. Elle se fait principalement en termes de formation. Nous collaborons sur beaucoup d’événements, notamment le MADO, le plus grand festival à Madrid. C’est un embryon de coopération que nous pourrons répercuter au niveau européen », insiste Pablo Rodriguez Pérez, directeur de la police municipale de Madrid.
La coopération avec la ville de Nice est totale
Pablo Rodriguez Pérez, directeur de la police municipale de Madrid
Nice profite de cette entente pour mettre en place des coopérations pendant les grands événements. C’est le cas durant le Carnaval. Pendant la quinzaine de festivités, quelques policiers madrilènes et romains interviennent auprès de la police municipale. « Le PacteSur nous permet d’expérimenter de nouvelles pratiques comme la gestion des foules, notamment lors du Tour de France ou du Carnaval », précise Jean-François Ona. Tout ce travail a pour objectif de fournir à la Commission européenne une base d’expertise pour ensuite l’étendre à d’autres villes en Europe.