Mardi 18 mars, vers 18h45, de nombreux habitants de la Côte d’Azur ont ressenti un tremblement de terre de magnitude 4,1. Une seconde réplique s’est fait ressentir quelques heures plus tard, de magnitude 3,8. Deux secousses qui disent beaucoup de notre situation sismique sur la Côte d’Azur. Pourquoi une telle activité et est-ce risqué pour nous ? Réponse de Cédric Twardzik, sismologue au laboratoire GéoAzur.
Le laboratoire GéoAzur est installé à Valbonne, à l’ouest de Nice. Il dispose de plusieurs unités de scientifique, dont l’équipe spécialisée en sismologie. Environ 70 personnes travaillent au quotidien pour comprendre le phénomène des séismes grâce à leurs recherches. L’unité gère une quarantaine de stations d’enregistrement des tremblements de terre, répartis d’Avignon à la frontière italienne, du sud de Toulon au nord des Alpes-Maritimes. Grâce à ces capteurs, les séismes sont enregistrés en temps réel et répertoriés automatiquement sur le site Sismoazur. Lorsque c’est nécessaire, les impacts et données sont vérifiés et affinés par les scientifiques.
Qu’est-ce qu’un séisme ?
Cédric Twardzik : La bonne analogie, c’est un élastique. Quand vous le tirez, il ne se passe pas grand-chose. Puis au bout d’un moment, l’élastique se casse et va émettre un bruit que vous allez entendre. Un séisme, c’est exactement la même chose, mais à une dizaine ou une vingtaine de kilomètres de profondeur. Donc en gros, il y a les forces tectoniques qui agissent sur l’ensemble du globe, qui vont compresser et tendre les cailloux. Au bout d’un moment, ces cailloux ne peuvent plus résister davantage à la charge qui leur est imposée et ils vont casser de façon relativement soudaine en émettant des ondes. C’est ce qu’on appelle un séisme.
Pourquoi la Côte d’Azur est-elle si touchée ?
C’est justement lié à cette tectonique des plaques. Une grande plaque au sud, la plaque africaine, est en train de remonter progressivement au nord sur une grande plaque qu’on appelle la plaque eurasienne. Au niveau de cette zone de contact, on a une accumulation des contraintes. Donc régulièrement en Côte d’Azur, on a des séismes, associés à ce contexte tectonique général.

Est-ce que nous pouvons anticiper ces séismes ?
Idéalement, un peu comme avec la météo, nous voudrions pouvoir prédire les séismes. Mais actuellement, nous en sommes incapables. Nous pouvons donner de grandes tendances : nous savons quand une région est en train de se déformer à cause de la tectonique des plaques, que les plaques se rapprochent à une certaine vitesse (de l’ordre de quelques millimètres par an). Ainsi, nous savons que cette déformation va générer des séismes au niveau des zones de faille. Mais nous ne sommes pas capables de dire exactement quand, où, et si ce sera un petit ou un gros séisme. Ce qu’il y a de sûr, c’est que dans la région, il y a un risque de séisme non négligeable, avec des séismes aux alentours de magnitude 6.
Les tremblements de terre peuvent être forts et générer des tsunamis. Est-ce qu’il y a un risque majeur dans les Alpes-Maritimes ?
Pour pouvoir générer un tsunami, il faut plutôt avoir un séisme en mer. Le séisme du 18 mars a eu lieu en terre, au nord de Nice. Donc il n’y avait pas de risques de tsunami. Par contre, il y a effectivement de la sismicité en mer sur la Côte d’Azur. Pour l’instant, cette sismicité qu’on enregistre sur les dernières dizaines d’années reste petite ou modérée (d’une magnitude autour de 4). Mais dans le passé, il y a eu des séismes un peu plus importants qui ont généré des tsunamis (en 1887, un séisme de magnitude 6,3 avait provoqué un tsunami et causé la mort de 635 personnes sur la Côte d’Azur, NDLR). Donc nous savons que le risque existe et nous pouvons prendre des précautions pour le jour où ce genre de phénomène arrivera.

On parle de « magnitude » pour les séismes : à quoi ça correspond ?
La magnitude d’un séisme, c’est un nombre que les scientifiques utilisent qui résume l’énergie libérée par le séisme. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’entre deux points de magnitude, entre une magnitude 5 et une magnitude 6, il y a 30 fois plus d’énergie libérée. Ensuite, pour se rendre compte de l’intensité : un séisme de magnitude 6, c’est typiquement ce qui s’est passé à Amatrice en 2016, avec tous les dégâts que ça a pu provoquer. Le plus grand séisme qu’on connaît, c’est le séisme de Fukushima au Japon à magnitude 9. Ici, dans la région, on est plutôt autour de magnitude 4, magnitude 3, donc on est quand même assez en dessous des séismes destructeurs.
Vous venez de lire une partie de l’interview de Cédric Twardzik. Pour la découvrir en intégralité, vous pouvez écouter le podcast ci-dessus.