Début mars, la région Sud annonçait se retirer de l’expérimentation de la tenue unique lancée dans deux lycées, faute de garanties financières de l’État. Depuis, l’institution a assuré qu’elle financerait la suite du test. Mais ce n’est pas forcément au goût des parents d’élèves et des professeurs, qui se seraient bien passés de ce dispositif.
Plusieurs villes avaient déjà tenté l’expérimentation dans les établissements scolaires dont elles ont la charge (écoles maternelles et primaires). C’est le cas de Nice, par exemple, avec ses cinq écoles primaires qui testent le dispositif depuis la rentrée 2024. Plus largement, dans les Alpes-Maritimes, cinq collèges sont pilotes depuis la rentrée. En septembre 2025, l’expérimentation se poursuivra.
Première région à tester le dispositif
À la rentrée 2024, la région Sud a été la première à se lancer dans l’expérimentation de la tenue unique. Deux lycées étaient les berceaux de cette expérience : le lycée Jean d’Ormesson à Châteaurenard et le lycée Les Palmiers à Nice. « L’objectif est de renforcer l’égalité entre les élèves, la cohésion et le respect dans les établissements scolaires. Cette démarche s’inscrit dans une volonté d’améliorer le climat scolaire », explique à Hexact une porte-parole de la Région. La région s’était ainsi engagée à consacrer 500 000 € à ce projet et avait lancé l’expérimentation.
Des doutes sur le financement de l’État
Problème : pour poursuivre l’extension du dispositif à la rentrée prochaine, elle devait s’assurer que l’État mettrait à nouveau la main à la poche. Et rien ne le garantissait. Aussi, en décembre, elle avait pris la décision de ne pas renouveler l’expérimentation en 2025. « Nous avons été les premiers à dire oui. Mais sans visibilité sur un éventuel soutien de l’État, il aurait été irresponsable d’engager 44 millions d’€, soit le prix d’un lycée neuf, pour une généralisation dans tous nos lycées régionaux », raisonne Renaud Muselier, le président de la région Sud.
Depuis, l’État a clarifié sa position
Suite aux alertes de la Région, l’État a clarifié sa position et s’est engagé à cofinancer à nouveau la tenue unique dans les deux établissements test de la région pour la rentrée 2025. « L’État s’engage à cofinancer à hauteur de 100 € par trousseau, ce qui représente cette année 200 000 € sur un total de 493 000 € engagés par la Région pour un peu plus de 2 000 élèves », détaille la porte-parole de la Région à Hexact, tout en restant prudente. « Ce soutien reste partiel, et la Région reste vigilante quant à la prise en charge de l’expérimentation dans la durée », ajoute-t-elle.
Des « retours positifs », selon la Région
Après consultation des parents d’élèves, des élèves et des équipes pédagogiques des lycées de Nice et Châteaurenard, la Région a décidé de poursuivre l’expérimentation. « Les retours ont été globalement positifs. C’est sur cette base, et en parfaite collaboration avec les chefs d’établissement, que la Région a décidé de maintenir l’expérimentation », justifie la Région auprès d’Hexact.
« On ne règle pas les choses avec un polo », selon la FCPE
Du côté des parents d’élèves, l’avis semble beaucoup plus nuancé. « Les parents sont contre cette tenue unique. On ne peut pas dire qu’au lycée des Palmiers, il y a moins de conseils de discipline parce qu’on a réglé les choses avec un t-shirt et un polo », ironise Khadija El Ouahabi, la présidente de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves) des Alpes-Maritimes. « Dans les autres pays, rien n’a prouvé qu’une tenue unique a fait cesser les problèmes de harcèlement », poursuit la parent d’élève, qui s’empresse de souligner le manque de moyens. « Les financements utilisés pour cela auraient pu être utilisés ailleurs. Ce qu’il faut, ce sont des moyens humains. Ce n’est pas un t-shirt qui va mettre des profs de maths et de français devant chaque classe », tacle Khadija El Ouahabi. D’après elle, la plupart des parents et des élèves reprochent aussi la matière des vêtements : ils la trouvent de mauvaise qualité et pas très agréable.
Une mesure « profondément réactionnaire », pour la CGT
Du côté des enseignants, la CGT n’a pas eu de retours particuliers concernant cette mesure, qui semble avoir été laborieuse à mettre en place. Mais le syndicat précise sa position. « L’uniforme, c’est profondément réactionnaire. C’est uniformiser les élèves dans une logique disciplinaire et de militarisation », regrette Arthur Leduc, secrétaire général de la CGT Éducation des Alpes-Maritimes, ajoutant que d’autres mesures sont prioritaires.
Poursuite du test dans deux lycées en 2025
Mais la Région l’a décidé, le test se poursuivra à la rentrée prochaine dans les deux établissements concernés et les retours continueront d’être récoltés pour voir s’il est possible et pertinent de généraliser ce dispositif à l’ensemble des lycées de la Région (près de 200 établissements).