Le conclave voulu par le Premier ministre, François Bayrou, a débuté la semaine dernière. Objectif : réunir autour de la table les syndicats et le patronat pour tenter d’amender cette réforme. Trois mois de discussions et de négociations qui s’annoncent intenses.
La réforme des retraites à nouveau au cœur des débats. Dans le viseur, le départ de l’âge légal à la retraite, c’est le principal enjeu de la réunion autour des partenaires sociaux. Les Français n’en attendent pas grand-chose qui voient ce rendez-vous comme une énième tambouille politique. « Vraiment, ça me déprime de penser à ce genre de choses. J’ai l’impression qu’on n’arrivera jamais à statuer sur un âge de départ », se désole Marlène, 34 ans, intermittent du spectacle. Un sentiment partagé par Alexandre. « Apparemment, il devait prendre en compte la pénibilité, mais tout ça s’est du vent. De toute façon, si on regarde les autres pays, on est déjà à 67 et voir que certains veulent aller jusqu’à 70 », juge-t-il, lui qui travaille dans la sidérurgie et qui est en arrêt maladie pour des problèmes de dos.
Notre revendication, c’est une bonne retraite pour toutes et tous
Nathalie, secrétaire à la politique financière de l’union départementale 06
Les syndicats campés sur leurs positions
À la CGT, un objectif : l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites. « Je vous le rappelle, notre revendication, c’est une bonne retraite pour toutes et tous, dans un premier temps à 62 ans et à terme à 60 ans. Pour trouver ces 10 milliards qu’il manque, soit taxer certains revenus qui ne le sont pas. Il y a aussi l’augmentation des cotisations sociales, qu’elles soient patronales ou salariales », propose Nathalie, secrétaire à la politique financière de l’union départementale 06. Pour la CFDT, même combat. Le syndicat des travailleurs souhaite le retour à 62 ans. Mais le patronat ne l’entend pas de cette oreille. Il veut maintenir la réforme telle qu’elle a été promulguée en 2023, avec un âge de départ à 64 ans.
Un déficit de 10 milliards d’ici 10 ans
La réunion entre les partenaires sociaux a été précédée d’une mission flash réalisée par la Cour des comptes. Une manière de poser les bases de la discussion avec un état financier du régime des retraites et ses perspectives. Pour elle, aucun doute : le système sera déficitaire dans les prochaines années sans réforme et sans changement. Elle fixe le déficit des retraites à près de 10 milliards d’ici 10 ans, et plus de 30 milliards d’euros en 2045. Dans le même temps, la Cour des comptes chiffre les différentes mesures qui peuvent être prises. Porter l’âge de départ à 65 ans apporterait plus de 8 milliards d’euros d’ici à 2035. Des bénéfices surtout à court terme, plutôt qu’à long terme.
Si aucun accord n’est trouvé au bout de trois mois, François Bayrou s’engage tout de même à déposer un texte au Parlement. Voire à soumettre la question aux Français par référendum.