Évasion au centre de rétention de Nice : « La structure désuète n’est pas adaptée aux détenus » dit Laurent Alcaraz, délégué syndical Alliance Police Nationale

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Publié le 5 décembre 2024 à 18h40
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Dimanche 1er décembre, neuf personnes se sont évadées du Centre de Rétention Administrative de Nice (quartier Saint-Roch). Seule une personne a été interpellée. Les autres sont toujours recherchées. Selon le syndicat de la police nationale Alliance, le CRA de Nice est dans un état vétuste, témoin des maigres moyens attribués à la police dans les Alpes-Maritimes. Le point avec Laurent Alcaraz, délégué départemental du syndicat.

Les CRA, ce sont les Centres de Rétention Administratives. Ils permettent de maintenir en détention les personnes étrangères en situation irrégulière en France, souvent en attendant leur retour dans leur pays d’origine. Cela concerne, par exemple, les personnes sous OQTF. Les détenus ne peuvent pas y rester plus de 90 jours, sauf en cas d’activité terroriste.

9 évadés ce dimanche

Ce dimanche 1ᵉʳ décembre au soir, neuf détenus du CRA de Nice, situé dans la caserne Auvare quartier Saint-Roch, ont profité du repas pour fausser compagnie aux surveillants. Ils ont alors rejoint une cellule, dans laquelle se trouve un local technique, fermé par un cadenas. Après avoir forcé la serrure, les détenus ont enjambé le chauffe-eau, arraché la plaque métallique qui protège l’accès aux combles de l’établissement, soulevé quelques tuiles et sont descendus en rappel grâce à une corde fabriquée avec des draps. L’un des évadés a été interpellé rapidement. Huit autres sont encore recherchés à l’heure actuelle.

« Les détenus ont une connaissance du milieu carcéral »

L’évasion ne surprend pas Laurent Alcaraz. « Depuis 4-5 ans, le Centre de Rétention Administrative est quasi exclusivement rempli de pensionnaires issus des maisons d’arrêt de Grasse ou de Cannes. Ce ne sont pas des primo-délinquants et ils ont l’habitude des méfaits que l’on peut commettre dans le milieu carcéral », explique le délégué syndical. Selon lui, la structure, installée « à la va-vite il y a une vingtaine d’années » est désormais vétuste et vieillissante. « Elle ne correspond pas du tout à ces personnes-là et aux conditions d’accueil correctes », précise le policier.

70 policiers théoriques pour 40 détenus

Pourtant, selon les informations officielles, 70 agents de la Police Aux Frontières seraient chargés de surveiller 40 détenus. Soient près de deux agents pour un seul détenu. Mais c’est un effectif théorique, selon Laurent Alcaraz. « Les chiffres, on peut leur faire dire tout ce que l’on veut. Là, visiblement, les surveillants n’étaient pas en nombre« , estime-t-il. « En plus, l’évasion s’est produite au moment du repas. C’est un moment de tension incroyable, car les détenus se plaignent du repas et c’est une cohue incroyable. Les détenus en ont profité », poursuit le délégué syndical.

« Nous voulons la construction d’un nouveau centre aux normes »

Pour Laurent Alcaraz, la vétusté du CRA de Nice est en totale opposition avec le projet d’hôtel de police en cours de construction à la place de l’hôpital Saint-Roch, pour un coût estimé de 239 millions d’euros. Il demande alors la construction d’un nouveau centre, plus moderne et mieux situé géographiquement. « Aujourd’hui, mes collègues font des aller-retour des maisons d’arrêt jusqu’au centre de rétention, puis de ce centre de rétention jusqu’à l’aéroport pour accompagner les détenus dans leur pays d’origine ». Le délégué syndical propose ainsi la construction d’un nouveau centre dans la vallée du Var, plus proche de l’aéroport. « On éviterait déjà, dans sa construction et sa structure aux normes actuelles, des évasions et surtout le maximum de déplacement de ces personnes », conclut le policier.

La préfecture des Alpes-Maritimes a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative. Le parquet de Nice a ouvert une enquête pour tenter de retrouver les fuyards.