Ce lundi à 20h00, une sirène a retenti sur de nombreux smartphones parisiens. Le dispositif FR-Alert a été déclenché sur le téléphone de toutes les personnes situées dans une zone où une attestation sera obligatoire pour circuler lors des Jeux olympiques. Ceci pour les prévenir de l’ouverture de la plateforme pour faire leur demande d’autorisation. Mais cette initiative n’a pas fait l’unanimité.
« Je ne sais pas ce que c’est que ce bruit que j’entends… Ah, c’est une alerte sur nos téléphones ? », s’est étonnée l’animatrice de radio Fabienne Sintes en direct sur France Inter. Alors en pleine interview dans son émission Le téléphone sonne, son téléphone et plusieurs de ses collaborateurs se sont mis à sonner simultanément. L’émission de radio n’aura jamais aussi bien porté son nom !
Au même moment, c’est le téléphone de plusieurs députés à l’Assemblée nationale qui s’est mis à carillonner, notamment celui de Gérald Darmanin, alors en pleine intervention.
Pourquoi une alerte ce lundi ?
À l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, certaines zones à Paris seront interdites d’accès par mesure de sécurité. Ainsi, les riverains devront être munis d’un laissez-passer leur permettant de circuler dans ces zones restreintes. La plateforme pour réaliser sa demande d’autorisation a été ouverte ce lundi. C’est donc pour prévenir de son ouverture que les services de l’État ont décidé d’adresser un message FR-Alert à tous les utilisateurs présents dans les zones qui seront interdites.
C’est quoi, FR-Alert ?
Le dispositif FR-Alert est un système « d’alerte et d’information des populations » via smartphone. Dans le même principe que les sirènes des communes testées tous les premiers mercredis du mois, ce système vise à prévenir les utilisateurs d’un danger en leur fournissant la procédure à adopter pour se protéger (risque terroriste, catastrophe nucléaire, tsunami, orages très violents…). Officiellement utilisé depuis juin 2022, il permet de cibler uniquement les utilisateurs présents dans une zone précise, grâce aux antennes téléphoniques. Ainsi, un message visuel et sonore peut être adressé massivement sur ordre du ministère de l’Intérieur, des préfets ou des maires.
« J’ai cru qu’une centrale nucléaire venait de péter »
« Rien que pour la descente d’organes que je viens d’avoir […], je m’engage à ruiner ces jeux olympiques », écrit un internaute sur X (anciennement Twitter). « Merci le côté ‘extrêmement grave’… on n’a pas la même définition », poursuit un autre. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ce déclenchement a suscité de nombreuses réactions.
Les services de l’État, dont le ministère de l’Intérieur et la préfecture de police de Paris, ont prévenu après coup sur leurs canaux de communication habituels qu’une alerte avait été déclenchée, sans plus de précisions. Selon le journal Le Monde citant France Info, c’est la préfecture de police qui aurait diffusé le message « pour que tout le monde puisse prendre des dispositions pendant les Jeux olympiques ».
Au-delà de l’alerte extrêmement stridente qui a sonné sur l’ensemble des téléphones concernés, même lorsqu’ils étaient réglés en silencieux, c’est le principe-même de l’utilisation qui est remis en cause.
Urgence ou simple communication ?
Aussi, une question émerge : faut-il activer FR-Alert uniquement en cas d’urgence ou pour communiquer une information aux citoyens ? Sur le site de FR-Alert, le dispositif est présenté comme tel : il s’agit d’un « dispositif d’alerte et d’information des populations », qui alerte l’utilisateur s’il se trouve dans « l’une des zones concernées par un danger imminent ».
À sa lecture, le message est explicite : chacun peut comprendre aisément qu’il ne s’agit pas d’une alerte. Mais la sirène ainsi que le panneau de vigilance peuvent faire naître un sentiment d’angoisse pendant quelques secondes. Paul Danielzik, ancien directeur de la communication du préfet des Yvelines, a tenu à rappeler sur Twitter que FR-Alert « n’est pas un canal de communication institutionnelle. C’est un canal d’alerte en cas de danger imminent », explique ce fonctionnaire, avant de conclure par un « c’est pas faute de l’avoir répété depuis la genèse du projet ».
La surexploitation de la plateforme pourrait, en effet, conduire à un désintérêt des utilisateurs pour le dispositif (si les messages sont trop fréquents ou rendus plus communicationnels). Suite au message diffusé ce lundi soir, certains utilisateurs ont d’ailleurs désactivé les alertes de FR-Alert sur leur téléphone.