Coup de théâtre lors des élections européennes. Alors que le Rassemblement national est arrivé en tête, Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche dissoudre l’Assemblée nationale. Cela ne s’était pas vu depuis 1997. De nouvelles élections législatives auront donc lieu fin juin. Pourquoi le président a-t-il pris cette décision et quels sont les enjeux de cette dissolution ? Hexact fait le point.
Pourquoi un tel choix ?
Lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron n’a pas véritablement expliqué son choix. En substance, le président de la République a cependant expliqué qu’il souhaite une clarification des débats parlementaires et présenter sa confiance aux Français. « Les défis qui se présentent à nous exigent la clarté dans nos débats et le respect pour chaque Français. C’est pourquoi j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Cette décision est grave, mais c’est avant tout un acte de confiance en la capacité du peuple français de faire le choix le plus juste pour lui-même et les générations futures« , a-t-il indiqué lors de son allocution.
Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n’est plus républicain
Emmanuel Macron
En somme, cette décision d’Emmanuel Macron vise à montrer au peuple qu’il reste souverain, ainsi qu’à tenter de calmer la cacophonie à l’Assemblée nationale, avec de nombreux partis et des difficultés à se mettre d’accord. Selon un sondage CSA publié le 6 juin dernier, 52 % des Français étaient favorables à la dissolution de l’Assemblée nationale en cas de défaite de la majorité présidentielle aux européennes.
Comment fonctionne la dissolution ?
La dissolution de l’Assemblée nationale est régie par l’article 12 de la Constitution. Après avoir consulté le premier ministre et les deux présidents des chambres du Parlement (présidente de l’Assemblée nationale et président du Sénat), le président de la République a le pouvoir de prononcer cette dissolution quand il le souhaite (à condition de ne le faire qu’une fois par an au maximum). Après dissolution, de nouvelles élections législatives doivent se tenir rapidement pour élire les députés à l’Assemblée nationale. Le premier tour de ces élections aura donc lieu le 30 juin prochain. Le second le 7 juillet.
Un premier ministre RN ?
Cette dissolution pourrait être extrêmement risquée pour Emmanuel Macron. Selon la Constitution, l’Assemblée nationale a le pouvoir de contrôler le gouvernement par une motion de censure, ainsi de provoquer la démission du premier ministre. Il est donc de coutume, pour le président de la République, de nommer un premier ministre qui soit du bord politique majoritaire à l’Assemblée nationale.
En prononçant cette dissolution, le président de la République s’expose ainsi à ce qu’il doive nommer un premier ministre Rassemblement national si le parti arrive en tête des législatives, comme pour ces élections européennes. Un sondage Ipsos mené fin 2023 indiquait que le Rassemblement national pourrait obtenir entre 243 et 305 sièges à l’Assemblée (sur 577) en cas de dissolution. Ce qui pourrait mener à une majorité relative, voire absolue pour le RN. Cela pourrait ainsi conduire à une cohabitation politique, comme ce fut le cas en 1997.
Le premier ministre étant chargé de nommer son gouvernement, la majorité à l’Assemblée nationale correspond souvent à la tendance politique du gouvernement.
Européennes et législatives, des votes toujours différents
Si les élections européennes ont porté en tête le candidat RN Jordan Bardella, cela ne signifie pas pour autant que c’est le parti d’extrême-droite qui arrivera en tête des législatives. Lors des dernières élections en 2022, c’est la liste Ensemble ! (majorité présidentielle) qui était arrivée en tête avec 38,57 %, devant la NUPES (31,60 %) et le Rassemblement national (17,30 %). Alors que c’est cette dernière qui vient d’arriver en tête aux élections européennes. Et cette situation se reproduit dans le passé, comme le montre le tableau ci-dessous.
Parti arrivé en tête Législatives | Parti arrivé en tête Présidentielles | Liste arrivée en tête Européennes | |
---|---|---|---|
2012 | Socialistes | Parti Socialiste (François Hollande) | |
2014 | Front National (Marine Le Pen) | ||
2017 | La République en Marche (Emmanuel Macron) | La République en Marche (Emmanuel Macron) | |
2019 | Rassemblement National (Jordan Bardella) | ||
2022 | Ensemble ! (Emmanuel Macron) | En Marche ! (Emmanuel Macron) | |
2024 | Rassemblement National (Jordan Bardella) |