Le Parlement européen penche clairement à droite à la suite des élections européennes. Après ces résultats, les enjeux sont multiples pour l’UE sur les cinq prochaines années avec la montée de l’extrême droite et l’affaiblissement du bloc écologiste.
Les résultats sont tombés sans surprise. À 20 h dimanche soir, le Rassemblement national est arrivé largement en tête avec 31,4 % des voix, devant la majorité présidentielle et la liste PS-Place publique. Au niveau européen, la droite remporte haut la main les élections. Les Chrétiens-démocrates (PPE) restent le premier groupe au Parlement avec de nouveaux sièges gagnés, tandis que l’extrême droite progresse dans tous les pays.
L’alliance PPE, Renew et S&D reconduite ?
Les trois premières forces restent les mêmes par rapport à la dernière mandature avec le PPE, Renew et les Sociaux-démocrates. L’alliance entre la droite, le centre et la gauche semble bien partie pour être reconduite pour les cinq prochaines années. Entre 2019 et 2024, les trois groupes se sont coalisés pour voter les principaux textes, notamment le plan de relance, le pacte vert et le pacte sur la migration et l’asile.
Mais les forces penchent clairement à droite. Avec le PPE renforcé, le groupe Renew Europe, où siège la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, perd 23 eurodéputés, soit la plus grosse perte au Parlement européen. Les Sociaux-démocrates perdent quelques plumes, mais voient surtout les forces de gauche diminuées par rapport à l’extrême droite.
Quelle place pour l’extrême droite ?
L’extrême droite fait une percée dans tous les pays européens. Même si leur progression semble un peu en dessous des estimations avant le scrutin, les groupes ultra-conservateurs représentent désormais un quart du Parlement européen. Mais l’extrême droite n’est pas unie à Strasbourg. Elle se scinde en deux formations avec Identité et démocratie où siège les députés du Rassemblement national, et avec Conservateurs et réformistes européens où siège le parti de Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres italien.
Le RN a déjà fait savoir qu’il ne siégerait plus au côté de l’AfD, parti d’extrême droite allemand. Sa tête de liste, Maximilian Krah, avait estimé qu’un SS n’était pas « nécessairement un criminel ». Cette décision peut diviser encore un peu plus les forces extrémistes au Parlement européen.
L’écologie au second plan ?
En 2019, la vague verte avait déferlé sur l’Europe avec 72 députés écologistes, soit la quatrième force au Parlement européen. Le pacte vert est le symbole de l’ambition portée par les pays et par l’Union européenne pour lutter contre le réchauffement climatique. Cinq ans plus tard, les espoirs sont douchés. Le groupe Écologistes et régionalistes perd 19 sièges à Strasbourg. Il devient désormais la sixième force au Parlement, derrière l’extrême droite et les ultra-conservateurs.
Qui pour présider la Commission ?
L’un des enjeux après ces résultats est le poste de président de la Commission européenne. Depuis 2014, le Parlement dispose d’un véritable pouvoir dans la nomination. Le Conseil européen, c’est-à-dire les 27 États membres, propose une candidate ou un candidat avant le vote de confiance des eurodéputés. En 2019, Ursula von der Leyen avait été validée avec une courte majorité à la tête de la Commission.
Nous construisons un bastion contre les extrêmes de gauche et de droite
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
Ursula von der Leyen est candidate à sa propre réélection. L’Allemande se prépare à des semaines difficiles. Avec le soutien d’une partie du PPE, son profil de droite ne satisfait pas la gauche. Depuis quelques mois, elle se rapproche notamment de Giorgia Meloni pour avoir le soutien de son groupe. Mais la présidente de la Commission européenne a fait volte-face. « Nous construisons un bastion contre les extrêmes de gauche et de droite », a-t-elle déclaré après les résultats.