Législatives 2024 : comprendre le grand chamboulement des partis politiques

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La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale plonge les partis dans la campagne des législatives. Depuis dimanche, les formations signent des accords, parfois inattendus, sous fond de crise politique. Union de la gauche, scission de la droite, Hexact vous aide à y voir plus clair.

La vie politique s’accélère depuis l’annonce de la dissolution dimanche soir. Avec l’activation de l’article 12 de la Constitution, Emmanuel Macron bouscule les équilibres politiques. Les partis se lancent dans une campagne express à l’issue totalement incertaine. Avant le premier tour le 30 juin prochain, ils disposent de moins de trois semaines pour convaincre les Français. Alors que la gauche s’unit, la droite se déchire avec un Rassemblement national au centre du jeu.

LR implose…

L’annonce a fait l’effet d’un séisme politique. Éric Ciotti propose une alliance avec le Rassemblement national pour les élections législatives. « En ouvrant la voie à une alliance capable de rassembler tous les Français qui partagent de vraies valeurs de droite, je sais que j’ai porté la voix d’une majorité d’entre vous », s’est justifié le président des Républicains sur X. Il rompt la ligne tracée notamment par Jacques Chirac, pour qui il ne faut jamais composer « avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre ».

Il nous a menti

Bruno Retailleau, patron Les Républicains au Sénat

Les ténors du parti n’ont pas tardé à s’élever unanimement contre cet accord. De Laurent Wauquiez jusqu’à Gérard Larcher, en passant par Bruno Retailleau, ils dénoncent un comportement « à vomir » et une trahison. « Il nous a menti », a répondu le président des sénateurs Les Républicains. Alors que les cadres ont voté pour son exclusion du parti après une réunion hier, Éric Ciotti s’accroche à son poste coûte que coûte. Il a saisi le tribunal judiciaire pour contester cette décision. Le juge l’examinera ce vendredi. Malgré sa désapprobation vis-à-vis de son président, François-Xavier Bellamy a pourtant assuré qu’il votera « bien sûr » pour le RN face à un candidat de la gauche. De quoi diviser encore un peu plus son parti.

Le RN jubile

Le Rassemblement national se délecte des divisions chez Les Républicains. Marine Le Pen a salué le « courage » d’Éric Ciotti après l’annonce d’une alliance entre son parti et les LR. « Quarante ans d’un pseudo-cordon sanitaire, qui a fait perdre beaucoup d’élections, est en train de disparaître », a-t-elle ajouté.

Dès le lendemain des élections européennes et de la dissolution, Jordan Bardella a entamé des discussions avec Reconquête et la formation de droite. L’objectif est clair : engager l’ultime étape de normalisation avant les élections législatives. Le RN prévoit de soutenir les candidats LR sans présenter de concurrents face à eux.

La gauche s’unit sous le « Front populaire »

Les partis de gauche se sont mis d’accord moins de 24 heures après l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron. Le PS, Les Écologistes, la France Insoumise et le Parti communiste se sont entendus pour des candidatures communes en vue des élections législatives. L’appel de François Ruffin de créer un nouveau « Front populaire » a été repris par les forces de gauche. Les discussions ont abouti sur la répartition du nombre de candidats entre les partis, avec un rééquilibrage en faveur du Parti socialiste après le bon score de Raphaël Glucksmann aux européennes.

Si les formations de gauche n’ont pas rencontré de difficultés majeures jusqu’à présent, les échanges se sont sévèrement tendus ce jeudi selon Libération. En cause, la question des investitures dans les différentes circonscriptions et la couleur politique des candidatures. L’autre sujet épineux est le futur Premier ministre. Alors que Jean-Luc Mélenchon s’en « sent capable », Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a exclu cette hypothèse.

Édouard Philippe en rupture avec Emmanuel Macron

La majorité présidentielle tangue depuis dimanche soir. L’annonce de la dissolution a surpris bon nombre de ses sympathisants. Si François Bayrou estime « courageux » le choix d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal a quant à lui émis plus de réserve, selon plusieurs médias.

Édouard Philippe s’éloigne de plus en plus du président de la République. Son parti demande plus d’autonomie pour les législatives avec des candidats présentés seulement sous la bannière Horizons. Absent de la conférence de presse organisée hier, l’ancien Premier ministre a critiqué la stratégie d’Emmanuel Macron de se mettre en première ligne.

Marion Maréchal exclue de Reconquête

« Marion Maréchal m’a trahi », a déclaré Éric Zemmour sur BFMTV. Le fondateur de Reconquête a exclu son numéro 2 après trois jours de conflits. La petite-fille de Jean-Marie Le Pen a négocié avec le Rassemblement national sans l’aval de son parti au lendemain des européennes. Malgré un accord tombé à l’eau, elle s’est opposée frontalement à Éric Zemmour. « Il a décidé, malgré notre opposition, de présenter le maximum de candidats contre cette coalition des droites dans toute la France, prenant ainsi le risque de faire perdre cette inédite espérance ». Celle qui était vice-présidente de Reconquête a donc appelé à voter pour les candidats du Rassemblement national, et pas pour ceux de son propre parti. Ce qui a conduit, quelques heures plus tard, a son exclusion du parti.