Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, une sixième sous la Ve République. Avant lui, Charles de Gaulle, François Mitterrand et Jacques Chirac l’ont tenté avec quatre réussites et un échec.
La décision est tombée. Le président de la République dissout l’Assemblée nationale après l’échec des élections européennes. Une première depuis 1997 et celle de Jacques Chirac. La tête de liste de la majorité présidentielle, Valérie Hayer, accuse une défaite de 15 points par rapport à la liste du Rassemblement national menée par Jordan Bardella. « Après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote », a déclaré Emmanuel Macron lors de son allocution présidentielle, une heure seulement après les résultats du scrutin.
La dissolution de l’Assemblée nationale est la sixième depuis 1958 et l’instauration de la Ve République. Seuls trois présidents ont utilisé l’article 12. Si Charles de Gaulle et François Mitterrand sont sortis vainqueurs, Jacques Chirac a totalement échoué, laissant la majorité à la gauche. À la différence des cinq dernières, la dissolution décidée par Emmanuel Macron survient après une défaite électorale.
Charles de Gaulle pour sortir des crises
L’année 1962 marque une première dans l’histoire de la Ve République. Charles de Gaulle dissout pour la première fois l’Assemblée nationale, après l’unique motion de censure votée depuis 1958. Les députés renversent le gouvernement de Georges Pompidou pour s’opposer à la réforme constitutionnelle, qui vise à élire le président au suffrage universel direct. Charles de Gaulle sort vainqueur de cette crise politique. Son parti remporte les élections législatives avec près de 40 % des voix au second tour.
La deuxième dissolution intervient six ans plus tard à la suite des manifestations de mai 68. Charles de Gaulle teste sa confiance et celle de son gouvernement à travers de nouvelles élections. Une seconde victoire pour le président de la République puisqu’il obtient une majorité parlementaire avec 43 % des suffrages.
François Mitterrand conforte ses victoires à la présidentielle
François Mitterrand utilise l’article 12 par deux fois au cours de ses 14 ans à la tête de l’État. Il dissout l’Assemblée nationale au moment de son élection en 1981 et de sa réélection en 1988. François Mitterrand veut conforter ses victoires à la présidentielle. Les deux choix sont payants. La gauche obtient une majorité absolue pour son premier mandat. En 1988, elle remporte les élections législatives, mais François Mitterrand obtient seulement une majorité relative.
Le pari raté de Jacques Chirac
Jacques Chirac loupe complètement son coup politique. Après deux ans seulement à l’Élysée, le président de la République dissout l’Assemblée nationale en 1997. Malgré une large majorité, le gouvernement d’Alain Juppé recule sur son plan de réformes de la sécurité sociale à la suite des manifestations. Jacques Chirac tente la surprise, un an avant les prochaines élections législatives. L’échec est total. La gauche plurielle emmenée par Lionel Jospin remporte plus de 43 % des voix, contre près de 36 % pour la majorité présidentielle.