Et si la gauche pouvait remporter la mairie de Nice en 2026 ? À moins d’un an des municipales, la gauche tente de s’organiser pour trouver un espace et battre la droite. Patrick Allemand appelle toutes les forces à se rassembler pour former une liste commune. État de la gauche à Nice, projets pour les Niçois et congrès du PS, on fait le point avec notre invité, l’une des figures du Parti socialiste dans les Alpes-Maritimes.
Pourquoi appelez-vous à l’union de la gauche pour les municipales de 2026 ?
Patrick Allemand : Depuis quelques mois, avec la préparation de l’élection municipale, j’ai toujours considéré que le rassemblement de toute la gauche était une condition indispensable si on voulait jouer un rôle clé et déterminant dans cette élection. Sinon, on passera totalement à côté. Si la gauche est rassemblée et que la droite continue à se diviser, il peut y avoir un espace qui s’ouvre. D’abord, parce qu’il y a une grande lassitude chez les gens, il ne faut quand même pas oublier que, depuis la libération, c’est la droite qui gère cette ville. Ensuite, parce qu’il y a à construire cette alliance avec les communistes, les écologistes et tous ceux qui voudront bien y participer, et auxquels nous tendons la main.
Vous avez échoué à trois reprises à la mairie de Nice. Est-ce que vous croyez vraiment à une alliance avec les communistes et le reste de la gauche pour battre la droite ?
Il y a un contexte très particulier à Nice qui n’est pas celui des Alpes-Maritimes. C’est un contexte, on peut le dire, de règlement de compte entre deux figures de la droite qui, après s’être beaucoup aimées, se déchirent à belles dents depuis plusieurs mois avec des interrogations sur un certain nombre de choses, des affaires à répétition qui sortent. On sent que ça va être une campagne assez gore à droite. Et puis le deuxième aspect, c’est le fait que la gauche veut tirer les enseignements de ce qui s’est passé la dernière fois. Vous faites allusion à un score de 6% (score de Patrick Allemand lors de l’élection municipale de 2020, NDLR) qui était dans un contexte totalement différent en plein Covid.
Le rassemblement de la gauche pourrait ouvrir un espace politique
Aujourd’hui, la gauche est en état de marche. Ce rassemblement pourrait ouvrir un espace politique. La question est de savoir quel sera cet espace politique et quelle importance il aura, et comment il pénètrera dans la population. Parce qu’il ne faut pas oublier que nous avons une ville qui s’abstient beaucoup, qui s’abstient de plus en plus (en 2020, plus de 70% des Niçois se sont abstenus au premier et second tour de l’élection dans un contexte marqué par la pandémie de Covid, NDLR). Vous avez fait allusion à 2020. Regardez le nombre de votants qui ont voté pour Christian Estrosi. Il dépasse à peine 15% du corps électoral. Donc il y a une réserve formidable qui est à disposition de celles et de ceux qui seront audacieux.
Quel projet portez-vous pour les Niçois ?
Je ne peux pas vous répondre pour l’instant. Ce que je peux dire, c’est qu’on y travaille activement. Nous ferons du logement la priorité des priorités. C’est ce qui gêne considérablement le développement économique de la ville. Aujourd’hui, vous avez des entreprises qui ne veulent plus venir investir ici, parce qu’elles ne sont pas sûres de pouvoir loger leurs ouvriers. Quand vous devez payer, ne serait-ce qu’un studio, 650 euros par mois, c’est très difficile pour beaucoup de gens. Y compris des fonctionnaires qui ne veulent plus être mutés ici. Je parle notamment des policiers. Au-delà du logement, on travaille aussi sur les questions de transport, d’environnement, de sécurité, de sport, ou encore de culture. L’objectif est de créer une plateforme commune assez rapidement.
Est-ce que vous pourriez être tête de liste ?
C’est très prématuré de le dire. En tout cas, je suis candidat à cette responsabilité. Mais je ne suis pas le seul à l’intérieur de la coalition que nous sommes en train de construire. Parce qu’il y a deux logiques. Soit on se bat pour avoir quelques élus. Soit on veut essayer de gagner. Et là, peut-être qu’il faut s’y prendre différemment, et voir quel est celui ou celle qui, encore une fois, peut apporter le plus. Et si possible, la part décisive qui peut nous permettre de basculer dans la responsabilité de la gestion.
Tête de liste ? Je suis candidat à cette responsabilité
Face à la dégradation des finances publiques, les collectivités, dont Nice, pourraient être mises à contribution. Comprenez-vous cette décision ?
Immanquablement, les collectivités seront mises à contribution. Chaque responsable à la tête d’un exécutif, quel qu’il soit, devra faire très attention aux dépenses. À Nice, est-ce que franchement, dans la situation où on est avec plus de 2 milliards de dettes, vous croyez que c’était le moment de démolir Acropolis ? Vous croyez que c’était le moment de démolir le théâtre de Nice pour remplacer tout ça par des structures provisoires ? La cuisine pour le théâtre, qui coûte 7 millions d’euros.
Il y a des responsables politiques, en l’occurrence Christian Estrosi, qui sont à côté de leurs pompes
Un Palais des Congrès provisoire, parce qu’on a détruit Acropolis, sur le port, où il faudra que la ville mette 20 millions d’euros. Une patinoire olympique, parce que nous sommes sélectionnés dans les sites olympiques pour 2030. Il va falloir que la ville mette encore 20 millions d’euros. Il y a des responsables politiques, notamment le nôtre, en l’occurrence Christian Estrosi, qui sont complètement à côté de leurs pompes, par rapport à la situation d’endettement du pays et de l’avenir.
Au niveau national, il y a le Congrès du Parti socialiste qui se tiendra du 13 au 15 juin prochain. Qui soutenez-vous ?
Je pense que la manière dont s’engage ce congrès montre la bonne santé du PS, parce qu’on débat dans les sections déjà depuis le 5 avril. Maintenant, la donne qui change, c’est que la position d’Olivier Faure est aujourd’hui très fragilisée par le regroupement d’un certain nombre de figures du PS, notamment Hélène Geoffroy, Nicolas Mayer-Rossignol et Philippe Brun. Pour ce qui me concerne, je soutiens Hélène Geoffroy depuis longtemps. Je pense qu’elle a eu la première la vision politique de ce qu’il fallait faire pour faire rebondir le PS dans de bonnes conditions.