Y a-t-il suffisamment d’actions menées contre les discriminations LGBT à l’Université Côte d’Azur ? Pour certains acteurs de la communauté université, ça n’est pas certain. Pour d’autres, comme Véronique Van de Bor, l’Université est un exemple. Depuis 4 ans, la fonctionnaire est chargée de la politique égalité et diversité. Elle a entamé un second mandat en janvier dernier et dresse le bilan des actions menées au sein de son établissement. Entretien.
Hexact : Vous êtes chargée de la diversité au sein de l’Université. Votre établissement est plutôt à l’aise concernant les questions LGBT ?
Véronique Van de Bor : « La défense de la diversité, de l’égalité des chances et de l’inclusion est pour nous une priorité et un enjeu fort. Ce sont des valeurs fondamentales que nous défendons et que nous essayons de déployer en tant qu’employeur au niveau RH, au niveau de la recherche et au niveau de la formation. On mène une politique de 0 tolérance sur les discriminations.
Est-ce qu’il est possible aujourd’hui, pour des associations de promotion de la diversité, d’investir l’Université Côte d’Azur pour défendre la cause LGBT ?
« Bien sûr ! L’année dernière, nous avons déployé la campagne de SOS Homophobie au sein de nos campus. Nous travaillons aussi avec le Planning familial, Les Ouvreurs, le CIDFF (Centre d’Information sur les droits des femmes et des familles, NDLR). Dans le cadre du plan national de lutte contre la haine et les discriminations LGBTphobes, nous allons faire venir en octobre l’association À Outrance pour de la formation. Lors de la semaine de prévention des discriminations, on fait intervenir une troupe de théâtre-forum dans les amphis. Le 17 mai, on a déployé une action autour d’un documentaire court-métrage financé par l’Université Côte d’Azur sur la question des LGBTphobies et de leur traitement à l’Université. Ce sont des temps forts, pour nous ! »
Vous parliez du 17 mai. À cette occasion, l’association Adelphes a souhaité organiser un festival pour défendre la cause LGBT, mais n’a pas obtenu les financements de l’Université Côte d’Azur. Comment expliquez-vous cela ?
« Ça faisait longtemps qu’on attendait cette association à l’Université Côte d’Azur ! Aujourd’hui, on l’accompagne pour chacun des projets : on relaie leurs évènements, on les appuie leur communication… Après un an d’existence, ça se passe très bien ! Maintenant, il faut qu’on leur trouve des locaux. Concernant le projet de festival, la décision dépend de la Direction de la Vie Universitaire. Il y a un arbitrage dans des commissions dans lesquelles ne siège pas. J’ai soutenu cet évènement, mais malheureusement, la définition des objectifs et de la cible étaient peut-être trop confuses. C’est ce qui est remonté. Suite à cela, on a fait une réunion pour les encourager. Je suis persuadée que s’ils tiennent compte des retours, ils auront des financements pour la prochaine édition. »
Plusieurs universités, notamment l’Université de Lorraine ou de Bordeaux, ont signé la charte d’engagement LGBT+ de l’association l’Autre Cercle, pour promouvoir l’inclusion des personnes LGBT au sein de leurs campus. Ce n’est pas le cas de l’Université Côte d’Azur. Pourquoi ?
« La signature est en cours. Nous n’avons pas attendu cette charte pour mener des actions. C’est important d’afficher un certain nombre d’engagements avec cette charte. C’est un projet qui devrait se concrétiser d’ici fin 2024. »
Au sein de l’Université, vous vous sentez soutenue par la direction concernant vos démarches en faveur de l’inclusion des personnes LGBT ?
« Complètement ! Depuis le nouveau mandat du Président et sur ma proposition, nous avons créé deux nouveaux postes à plein temps sur les questions de violence et le déploiement des politiques publiques à ce sujet. Sur la politique Égalité/diversité, en termes de budget brut sur les actions déployées, on atteint presque les 100 000 €. C’est le budget que je demande et qui nous permet de fonctionner très confortablement. Aujourd’hui, ce n’est pas le budget qui me manque, mais plutôt les moyens humains qui déploient ces actions. La politique adoptée par l’Université est ambitieuse, mais en face des ambitions, il faut mettre des moyens (elle rit). »
Vous demandez des moyens humains. Cela signifie qu’il y a encore des progrès à faire, selon vous ?
« Le bilan est très satisfaisant. Quand j’ai pris mes fonctions, personne ne s’était occupé de ces questions-là, malgré l’évolution des politiques publiques, et il y a eu beaucoup de retard à rattraper. Ce qu’on a fait, au point d’être considérés parfois à l’échelle nationale comme leader sur certains sujets. »