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Municipales 2026 à Nice : dans la course, la gauche apparaît divisée face à la puissance de la droite

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Publié le 4 mai 2025 à 20h32
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En mars 2026, les Français seront appelés à élire leur future maire lors des élections municipales. À Nice, Christian Estrosi a déjà annoncé qu’il se représenterait pour sa réélection, alors la gauche tente de s’organiser pour s’unir et faire barrage. Difficile, car chaque groupement continue d’organiser des réunions dans son coin.

C’est l’histoire de deux camps de gauche qui se renvoient des invitations à s’unir. Sur le papier, chacun est cordialement invité à former une unique liste de gauche pour les futures municipales de Nice. Mais en réalité, deux groupes s’affrontent pour des questions organisationnelles, laissant pour l’instant un boulevard aux candidats de la droite.

Un constat : une victoire difficile sans union totale

À Nice, comme dans toutes les Alpes-Maritimes, le constat est simple : la droite est puissante à chaque élection. En 2020, lors des précédentes municipales, Christian Estrosi avait raflé au premier tour près de la moitié des voix exprimées (47,62 %) dans un contexte de forte abstention. L’ensemble des partis de droite cumulés avaient remporté près de 72 % des voix exprimées au premier tour. Seul le parti écologiste s’était qualifié au second tour, pour finir dernier.

Plus franchement, la droite est à la tête de Nice depuis 1947. Alors les partis de gauche seraient bien favorables à un retournement de situation pour faire changer les choses à leur manière. Mais pour ça, il faut s’unir pour être fort. C’est ce que prônait Patrick Allemand au micro d’Hexact. Pourtant, ça ne semble pas vraiment être la tendance du moment.

Des réunions, mais pas d’union

Cette division ne date pas d’hier. En janvier dernier, le Parti Communiste, les Écologistes et le Parti Socialiste avaient convié la France Insoumise pour une réunion préparatoire à une éventuelle union. Flop, puisque le collectif citoyen ViVA! (David Nakache en figure de proue) n’avait pas été invité. Par solidarité, la France Insoumise (représentée par Olivier Salerno) avait refusé de participer et ViVA! avait organisé sa propre réunion quelques jours plus tard.

Lundi dernier, rebelote. Le trio PCF, PS et Écologistes organise une réunion d’annonce. Mais la France Insoumise et le collectif ViVA! ne sont pas informés. Lors de cette conférence de presse, les trois figures (Patrick Allemand pour le PS, Julien Picot pour le PCF et Sandra Benjamin pour EELV) ont pourtant rappelé l’intérêt de s’unir. « La voix de la gauche s’est éteinte à Nice. En 2026, nous pouvons gagner. Mais la première condition, c’est le rassemblement », a introduit Patrick Allemand.

Patrick Allemand (à gauche), Sandra Benjamin et Julien Picot (à droite) se sont rassemblés pour annoncer le programme des semaines à venir – © TG

« Un objectif : rassembler pour gagner », selon le PS

Justement, publiquement, le trio annonce vouloir une union la plus large possible. « Notre porte demeure ouverte pour rassembler tous ceux qui adhèrent à nos valeurs et à notre démarche. Nous avons un objectif : rassembler pour gagner et rien ne nous fera dévier », garantit Patrick Allemand. Mais sans ViVA!, LFI refuse de participer aux échanges. Selon Julien Picot, le parti d’Olivier Salerno a été invité à participer à toutes les réunions hebdomadaires depuis le mois de janvier, mais ne s’est jamais présenté. « On ne désespère pas », ajoute le leader du PCF.

L’intégration des citoyens oui, mais quand ?

Fâché de ne pas avoir été inclus à ce point presse, David Nakache s’emporte. « Ces partis politiques n’ont pas encore pris l’habitude d’une réelle ouverture démocratique. La société civile n’est pas une variable d’ajustement« , tacle le leader du collectif citoyen ViVA!. « La société civile a une expertise que nous, les partis, n’avons pas toujours, car nous ne sommes pas omniscients », poursuit Olivier Salerno.

Pas question d’exclure la société civile, selon Julien Picot. « Nous, ce qu’on veut, c’est que l’ensemble des forces progressistes puissent prendre part à notre démarche de rassemblement : les partis, mais aussi le monde militant syndicaliste, les associations citoyennes », rassure-t-il.

On pourrait penser les citoyens loin des questions politiques, mais ils veulent s’impliquer.

David Nakache, figure de proue du collectif ViVA!

En réalité, le point de crispation entre les gauches niçoises se situe sur le moment où seront intégrés les citoyens dans la discussion. Lors de la réunion du 27 avril, Sandra Benjamin avait rappelé que le trio PS/PCF/EELV partirait rencontrer les habitants et les citoyens à partir de septembre « pour approfondir le projet commun ». Mais pour David Nakache, il sera trop tard. « Il ne s’agit pas de se réunir enfermés à quelques-uns pour bâtir un pré-projet, pour, quelques mois avant les élections, aller à la rencontre des habitants. On pourrait les penser loin des questions politiques, mais ils ont une vraie conscience et veulent s’impliquer », considère-t-il. Il souhaite donc les inclure dès maintenant dans les échanges et la construction de la liste commune. « S’il y a des organes politiques qui n’ont pas encore l’habitude de l’ouverture, on va les y amener petit à petit », glisse le leader de ViVA!.

Chacun s’appelle, mais qui fera un pas vers l’autre ?

Désormais, il y a d’un côté le duo LFI/ViVA! qui est « toujours disposé à dialoguer. Le PS, le PCF et les Écologistes sont invités aux réunions que nous organisons. Je les appelle à la responsabilité face au danger de la victoire d’Éric Ciotti ou d’un énième mandat de Christian Estrosi », lance David Nakache.

De l’autre côté, il y a le trio PS/PCF/EELV qui, lui aussi, semble appeler le reste de la gauche à les rejoindre pour faire cause commune. En attendant, il a annoncé qu’il se réunirait chaque semaine lors de réunions de travail thématiques à partir du 7 mai. Il a aussi précisé que sa liste, dévoilée en septembre, ne se désistera pas au second tour pour soutenir un candidat, même si l’extrême-droite (RN ou UDR) arrive en tête du premier tour.

Désormais, une question subsiste : qui fera un pas vers qui pour conclure une véritable union solide de toutes les gauches ? Car tous les chemins mènent à Rome, pas à Nice. Et pour tenter de gagner, il faudra choisir le bon.