« L’Université Côte d’Azur nous met des bâtons dans les roues ». Le constat est amer pour Louis Vedovati. Son association, Adelphes, souhaitait organiser un festival queer à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBT+phobies, le 17 mai dernier. Mais l’Université a refusé de financer le projet. En cause, selon elle, le « peu d’étudiants invités ». Cela signiferait-il que l’institution freine ce genre d’initiative ?
L’association étudiante a fait une demande de subventions à hauteur de plus de 4 500 euros. L’événement avait pour objectif de promouvoir les valeurs d’inclusivité et de diversité au sein des établissements universitaires avec la présentation d’actions de plusieurs acteurs locaux. La Commission initiative étudiante a rejeté le projet. Dans sa décision rendue le 6 mars dernier, elle avance un festival accueillant « peu d’étudiants et invités ». « Les arguments sont bidons. L’événement devait s’organiser dans le théâtre de Valrose où l’on peut réceptionner 200 personnes », rétorque Louis Vedovati.
Un double jeu de l’Université et de la Face06 ?
Le co-fondateur d’Adelphes pointe le double jeu de l’Université et de la Fédération d’associations et corporation étudiantes des Alpes-Maritimes (Face06). « La Face laisse croire qu’elle va nous aider, alors qu’elle ne fait rien concrètement. Elle donne l’impression qu’elle ne veut pas nous voir nous développer dans les campus », ajoute Louis Vedovati.
« L’Université se protège beaucoup »
Coralie Butin, responsable prévention de la Face06
Contactée, la Face06 se défend et affirme « rester ouverte » sur ces questions, par la voix de Coralie Butin, responsable prévention. Toutefois, elle le reconnait à demi-mot : l’association étudiante n’est pas forcément à l’aise à l’idée d’évoquer ces « sujets conflictuels » dans une Université qui « se protège beaucoup et ne se positionne pas énormément sur ces questions ».
La FAGE (l’association à échelle nationale dont fait partie la FACE06), de son côté, affirme qu’elle « soutient totalement » l’initiative d’un festival LGBT. « Mais il y a malheureusement toujours des détracteurs », poursuit Sarah Biche, Vice-présidente de la FAGE en charge des affaires sociales.
Aucune affiche dans les campus
La cause LGBT reste difficile à évoquer à l’intérieur de l’Université Côte d’Azur. « La question queer n’existe pas. Ce n’est même pas un sujet. Il y a une invisibilisation totale », reconnaît Sybille Marchetto, en poste à l’Université. Aucune affiche, aucun stand, ni aucun lieu dédié aux droits LGBT ne sont présents dans les campus de Saint-Jean d’Angély et de Carlone. Contacté, le centre LGBTQIA+ Côte d’Azur n’a pas souhaité donner des informations supplémentaires sur ce sujet.
L’Université affirme son soutien
De son côté, l’Université Côte d’Azur l’affirme : elle encourage ce genre d’initiative au sein de ses campus. « La lutte contre les LGBTphobies est un sujet important, alors j’ai soutenu ce projet de festival », explique Véronique Van de Bor, Vice-présidente de l’Université Côte d’Azur, en charge des questions d’égalité et de diversité.
Selon la fonctionnaire, la commission statuant sur l’appel à projet n’aurait pas pu valider le projet de festival d’Adelphes, qui n’était pas assez précis. Elle tient tout de même à ce que l’association tente à nouveau d’organiser ce festival l’année prochaine, en se disant « persuadée » qu’elle obtiendra des financements.
Un budget de 100 000€
D’ailleurs, la Vice-présidente défend son organisme : l’Université Côte d’Azur serait souvent pionnière sur certains sujets, notamment grâce à l’important budget alloué par l’Université en matière d’égalité et de diversité : près de 100 000 € chaque année. « C’est un budget qui nous permet de fonctionner très confortablement », se réjouit Véronique Van de Bor.
Il y a donc des actions financées par l’Université, mais aussi des interventions d’associations, qui permettent de sensibiliser à la cause LGBT. Parmi elles, l’association Nice Queer & Co a par exemple contribué à la projection d’un court métrage le 17 mai, à l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, au théâtre de Valrose. Un documentaire de sensibilisation sur les formes de discrimination au sein des campus de l’Université Côte d’Azur. À Carlone, des artistes queers ont également été mis en scène le 9 mai, avec l’appui du BDE Lettres, Arts et Sciences Humaines.
Le manque de prise en compte de la communauté LGBT
L’étude de l’Union des étudiants de France, en 2020, montrent une hausse de 36 % des agressions physiques LGBTI+phobes. Des cellules de veilles et d’écoute sont mises en place dans 39 universités pour lutter contre ces violences. Mais ces dispositifs laissent souvent la question LGBT de côté.